Mon travail me porte à aller très souvent à la rencontre de divers partenaires, clients, fournisseurs.
Au fil du temps, je me suis rendu compte que la plupart de mes interlocuteurs étaient de plus en plus des interlocutrices, des femmes, des working ladies, en d’autres termes, Sénégalaises bon teint, bon bazin.
On assiste ainsi à l’émergence d’une nouvelle classe, se préoccupant peu de la lutte des genres, ne revendiquant pas leurs droits, préférant plutôt acquérir à la force de leur bras ce que nous autres « messieurs » pensons être acquis sans efforts.
Ce sont des femmes actives dit-on, évoluant dans des milieux professionnels aussi divers que variés.
Ces Dames ont la plupart suivi une éducation poussée, dépassant les niveaux supérieurs pour aller toucher les cimes des Doctorats et autres MBA.
On trouve également des jeunes demoiselles, fraichement diplômées d’écoles de commerce ou de communication, et qui essaient de se frayer un chemin vers la réussite et un emploi stable, dans l’enfer des stages et autres CDD mal rémunérés.
Je me suis souvent demandé comment ces amazones des temps modernes arrivaient à concilier vie professionnelle et vie privé, boulot, petit-ami, mari, enfants et foyer.
Leur tâche ne doit pas être aisée pour elles, courant entre rendez-vous et marchés, mail urgent à envoyer et dîner à préparer pour nous autres messieurs.
Cela est d’autant plus difficile lorsque le monsieur en question est un « homo senegalensis » bon teint, bon bazin, qui aura oublié toutes les promesses de compréhension et de patience exprimées à sa dulcinée avant le mariage, et ronchonnera, affalé dans son canapé, parce que le repas n’est pas encore servi, les enfants pas encore couchés et ne levant même pas le petit pouce pour y remédier et aider…
Elles trouvent néanmoins un peu de temps pour elles-mêmes, ces dames, et ne ratent jamais une occasion d’aller chez le coiffeur, sacrifiant avec grand plaisir à la sacro-sainte séance du week-end au salon, avant tout pour papoter entre copines, crêper verbalement le chignon de la voisine ou de la patronne et se disputer à n’en plus finir sur les réseaux sociaux…
Elles trouvent également le temps pour aller au charbon, aux fourneaux, même lorsque rentrées tard, exténuées, elles tiennent à concocter à môsieur ronchon son diner et à bercer le petit dernier.
Elles n’oublient jamais d’aller jamais de faire les courses, d’aller rendre visite à maman, et surtout à LA belle-maman…
Elles sont belles, nos femmes, nos Sénégalaises, nos «Adja», jonglant si gracieusement entre vie active, moderne et convenances sociales, entre tailleur strict et taille-basse.
Il faut les voir, ces dames, oreille collée au téléphone, expliquant à la domestique comment préparer le repas de midi, tout en finissant un rapport urgent.
Il faut les voir, ces femmes, au volant, pestant dans les embouteillages, en retard pour aller prendre les enfants.
Elles nous portent à bout de bras, nous autres, « môsieurs », qui pensons toujours que tout nous est acquis.
Que serions-nous, sans elles, sans leur courage, et leur soutien, quand les temps sont durs, elles oublient les traditions ?
Que serions-nous, sans elles, lorsqu’elles prennent en charge discrètement, avec amour, compréhension et dévouement, les obligations du « borom keur »?
Elles sont belles ces femmes, nos femmes, et surtout fières de pouvoir concilier avec brio foyer et fonctions.
Il faut prendre le temps de les regarder, de les admirer, et surtout de les remercier, car elles sont belles nos femmes…
« L’Air du Temps » – Urbanzine Waaw (initially published February 2011, revised May 2018)
Dédié à ma Mère et à Madame CISSE (AÏDARA Karara)
Waaw, belle hommage. Quand on leur rabache tous les jours à la radio et à la télé que le seule diplôme auquel elles doivent aspirer est une maîtrise en économie domestique