Xam Sa Warëf

Ce 24 février 2019 se tiendra la onzième élection présidentielle du Sénégal, depuis son indépendance.

Cinq candidats seront en lice pour emporter les suffrages de 6 683 043 électeurs inscrits (soit 41% de la population, dont 46,47% résidant en milieu urbain et 53,53% vivant en milieu rural), répartis sur 6 919 lieux de vote et 15 397 bureaux de vote.

L’âge médian de la population sénégalaise est de 18 ans, et un peu plus de 47% de la population a 20 ans et plus, de ce qui signifie en principe que la moitié plus âgé de la population sénégalaise, si elle est inscrite, peut aller voter !

Ce scrutin de 2019 sera donc le vote des jeunes ! Et effectivement, la grande majorité des jeunes que nous avons côtoyés, avec qui nous avons échangé, discuté, en seront à leur premier vote.

Nous sommes fiers de la fougue et de l’enthousiasme qui animent ces jeunes nouvellement engagés politiquement, en espérant qu’ils n’auront jamais été crédules, ou manipulés, ni impressionnés, par les chants des sirènes émanant de tous les camps et que leur vote sera objectif, conscient, murement réfléchi, libre et personnel.

Nous sommes fiers de chaque jeune qui parcourra les quelques mètres, les kilomètres, entre son domicile et son lieu de vote, pour remplir pour la première fois son devoir citoyen.

Nous sommes fiers de tous ces jeunes, quel que soit leur camp, qui se sont engagés pour leur candidats, avec passion, parfois démesure, mais tel est le feu de la jeunesse, en espérant qu’elle ne fasse pas tout bruler, mais plutôt allume la flamme d’une renouveau civique et citoyen au Sénégal.

Pour rappel, le vote est secret et il ne marque pas un contrat d’adhésion à l’égard du candidat que vous avez choisi.

Nous espérons un fort taux de participation, peu d’abstentions, de votes blancs et nuls, puisque de nombreuses campagnes de sensibilisation ont été menées sur la manière de voter.

Nous n’appelons ni à la révolte, ni à la révolution, ni à la continuité, mais à l’engagement et la prise en main par chacun du destin de notre Pays, grâce à un vote pacifique, « conscient et par intime conviction ».

Nous ne reviendrons pas sur les circonstances dans lesquelles les candidats Madické Niang, Issa Sall, Macky Sall, Idrissa Seck et Ousmane Sonko ont accepté et sont arrivés à être les seuls candidats présents à ces élections, mais ce qui est sûr est que le choix du Peuple devra se faire parmi ces cinq présidentiables et qu’un seul vainqueur sortira des urnes : le Peuple Sénégalais.

Par devoir et conscience démocratique, nous espérons qu’il y ait un second tour, mais nous rappelons néanmoins que la « tradition électorale » a toujours donné un second mandat au président sortant.

L’année 2019 marquera peut-être, surement, une rupture, un changement, un renouveau, ou une confirmation.

Seules les urnes, seuls les votants, en décideront.

Ce qui nous importe le plus n’est pas le candidat qui sera déclaré légitimement et légalement vainqueur, mais la certitude que le scrutin de ce dimanche 24 février ait été exprimé dans la plus pure tradition de ce que NOUS avons réussi à arracher, obtenir, sauvegarder, durant les élections présidentielles sénégalaises de 2000.

Oui, nous sommes ceux qui étions là depuis 2000 et même avant, et aujourd’hui se tiennent à nos côtés nos petits frères et sœurs qui doivent prendre la relève et nous représenter dignement !

Nous sommes certains que nul, personne, au Sénégal, n’a le pouvoir de mettre en péril un suffrage librement exprimé, car nul ne peut annihiler la vigilance du peuple sénégalais, qui, depuis l’alternance, a toujours veillé à ce que ses élections soient l’expression exacte de sa volonté.

Nous appelons à l’attention, à l’alerte, à la veille, au vote dans le calme et la sérénité, sans heurts ni violences, car nous avons une tradition de paix, de partage et de savoir et pouvoir vivre ensemble à sauvegarder, pérenniser, magnifier, pour nous et aux yeux du Monde.

Le Sénégal restera uni, indivisible, debout, quoi qu’il puisse arriver !

Quelle que puisse être l’issue de ces élections, une chose immuable et certaine demeure, et sera dans les prochain mois plus amplement concrétisée :

Nous sommes là, nous serons toujours là.

Nous serons là, à équidistance de toute passion et de toute subjectivité.

Nous serons là, démocrates et laïcs.

Nous serons là, républicains et citoyens.

Nous serons là, apolitiques et sans obédience.

Nous serons là, dans une dynamique positive d’engagement et d’actions.

Nous serons là, pour apporter contributions et critiques constructives.

Nous serons là, ouverts tous ceux qui souhaiteront œuvrer pour le développement, le  progrès et la pérennité de la République du Sénégal. 

Nous serons là, car NOUS sommes, avec vous, tous, à nos côtés et pour vous, la Génération du Devoir et de l’Engagement ! 

Xam Sa Warëf

De l’alternance à l’émergence : naissance d’une « anarchie générationelle »

Il y a quelques années de cela j’écrivais une chronique sur le temps qui passait, l’évolution de ma société et sa transformation progressive en un magma hideux d’excès, de violences, d’inégalités.

J’en étais arrivé à « regretter » le calme « dioufisme » des années socialistes, le train-train formaliste et bien réglé d’une administration qui portait encore « quelques » habits républicains, le peu de civisme qui demeurait encore chez certains, le respect d’un drapeau et des institutions d’une république qui n’était pas encore celle de la rue.

Je me souviens que tout a commencé finalement avec le tunnel de Soumbédioune.

Ce fut la première fois que nous entendîmes parler de « milliards » au km carré.

Au risque de me répéter dans une autre langue, l’alternance a créé une profonde rupture au début des années 2000, et cela personne ne peut le renier. Les modèles d’aujourd’hui ne sont plus ceux d’hier, ne sont pas ceux de mon enfance et de mon adolescence.

Ce ne fut pas une évolution douce et positive des mentalités et des comportements, mais la rupture d’un contrat moral dans toutes les couches de notre société, que même nos plus grands sociologies n’auraient pu prédire.

Cette rupture a causé ce désastre moral et culturel que nous vivons aujourd’hui, accentué années après années par de plus en plus d’excès banalisés par une grande partie de la population habituée à se gaver et se délecter de séries médiocres reproduisant toutes les tares de notre société.

L’alternance a créé une rupture, un hiatus générationnel et social et l’émergence est venu accentuer le fossé dans lequel l’Honneur, la Vertu, la Fierté ont été remplacés par la valeur et le prix des choses que l’on aborde et exhibe bêtement pour montrer à son voisin qu’on est mieux loti que lui.

On me dira qu’au moins une certaine « continuité » a été assurée…

Nous vivons le libéralisme dans son expression la plus négative, la plus destructrice, car la vérité est qu’aujourd’hui est le Sénégal est en situation de quasi anarchie, sans aucun respect des institutions (si tant est qu’il en existe encore dans la stricte expression du terme)

A qui la faute me demanderiez – vous ? Pas à ceux qui sont en état de défiance ou de révolte face à l’autorité, mais à ceux qui porte le pouvoir tellement mal, tels des habits trop grands pour eux et qu’ils n’avaient jamais rêvé d’admirer à défaut de pouvoir bien les porter.

Les Millennial sont les enfants de l’alternance et les adultes de l’émergence, ils sont nés avec Wade et ont grandi avec Macky.

Que voulez-vous qu’ils fassent d’autre à part avoir des valeurs qui n’en sont pas?

Comment voulez – vous qu’ils se comportent à part reproduire les mauvais comportements de ceux qui sont supposés leur donner le bon exemple?

Il n’y a plus d’État dans le vrai sens du terme au Sénégal, ni « providence », ni « gendarme », juste un « pouvoir » détenu ou ayant été détenu par des personnes n’ayant jamais véritablement pris conscience de la pleine mesure de leur rôles et responsabilités à l’égard de notre pays.

Ne vous plaignez pas des propos peu châtiés lorsque vous avez été les premiers à les proférer !

Ne vous plaignez pas des casses alors que vous avez été les premiers à descendre dans la rue-publique !

Ne vous plaignez pas de votre jeunesse que vous avez modelé à votre image !

Xam Sa Warëf

NOUS SERONS LÀ

Les élections sont enfin passées, les urnes ont rendu leurs verdicts, sans appel, tel un couperet tranchant dans le vif de l’impopularité, pour certain(e)s, pleins d’espoirs pour d’autres qui se sont jaugés à l’aune de leur popularité et de leurs ambitions pour leurs quartiers et leurs communes…

Et pour ceux qui ont (tout) perdu, pensant tout gagner en quelques années de présence et de vœux pieux, à défaut de pouvoir accélérer la cadence, de trouver le bon rythme d’un vrai cheval de course ou d’une bête de trait, il est peut-être temps de faire les choses par étapes :

  • Soit arriver à mettre la clef dans le démarreur du train de la croissance et du développement,

  • Soit apprendre à mettre le pied à l’étrier et la bride au cou d’un étalon que l’on prend de plus en plus pour un canasson…

Cinq ans sont vites passées, trois années passeront encore plus vite, c’est maintenant donc qu’il faut jour après jour se préparer…

Car il est temps…

NOUS SERONS LÀ

Dakar, Juillet 2014