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Fini donc les enfantillages du préscolaire… Je me prenais tellement au sérieux, déjà, du haut des mes six ans, que j’avais dit à ma mère que je ne voulais plus de gouter, que c’était pour les « bébés », ces gamineries là.
Trente années plus tard, même scénario, mais cette fois – ci c’était moi qui devait subir le ton très sérieux de ma fille, mais également sa nervosité, de franchir un nouveau cap sur le long chemin de l’éducation…
Depuis le matin, ma fille veillait à sa tenue, à sa coiffure, vérifiant sa robe, ses tresses. Elle avait demandé à sa mère si elle n’avait rien oublié des fournitures contenus dans son cartable, car elle ne voulait surtout pas que LA Maitresse la gronde si d’aventure il lui manquait une gomme ou un crayon !
En effet, je lui avais expliqué que la Classe d’Initiation était la porte d’un nouveau monde, plein de calculs (avec des bâtonnets de toutes les couleurs), de cahiers millimétrés et de calligraphies.
Elle allait avoir une maitresse qui lui enseignerait l’art d’écrire et de compter, et qu’elle ferait moins de dessins et de collages qu’au jardin d’enfants, mais qu’elle s’amuserait toujours autant, tout en apprenant.
Je me souviens de mon premier jour « chez les grands », du haut des mes six ans, levant les yeux, impressionné par mon maitre d’école, tellement grand, tellement maigre, que son ombre sur moi ressemblait à celle d’une aiguille sur un cadran.
Je me remémore son sourire et sa bonhommie, de la lueur dans ses yeux, cette volonté de faire connaître, comprendre, apprendre, éduquer, modeler, inculquer principes, bonnes manières et valeurs, matières et éducation civique.
Les maitresses et maitres d’aujourd’hui ont – ils toujours cette même envie ?
Pour l’instant, j’étais debout, serrant la main menue et moite de ma fille, devant les grilles de son école, me rappelant les grilles que j’avais franchies, il y avait si longtemps, petit mioche apeuré qui faisait semblant « même pas peur ! », ma main menue et moite tremblant dans celle de mon père.
D’un Monde à l’autre, d’un enfant à un autre, nous avons tous en souvenir notre première rentrée des classes, celle que l’on n’oublie pas, celle qui nous fait franchir les grilles de cette si belle aventure qu’est l’éducation et l’apprentissage, de la vie et des choses.
Finalement, je me demande qui est plus nerveux, le jour de la rentrée des classes, qui stresse le plus? Nos enfants, excités, intimidés, pleins d’entrain ou de sérieux, d’assurance parfois ?
Ou nous, pauvres parents angoissés, confiant en toute confiance à des inconnus, pas si étrangers que cela, les seuls véritables trésors que nous possédons, nos enfants…
Dakar, Septembre 2010